dimanche 18 janvier 2009

Quelques instants de pure beauté

Merci à Arte pour le superbe programme consacré à Glenn Gould. Au cours de cette émission le producteur avait sélectionné quelques secondes d'une interprétation de la cantate BWV 54 Widerstehe doch der Sünde de Jean-Sébastien Bach, interprétée au piano et dirigée par Glenn Gould et chantée par le contre-tenor américain Russell Oberlin le 8 avril 1962.

Né en 1928 à Akron, Russell Oberlin est diplômé de la Juilliard School of Music. Plus tard, il sera un des membres fondateurs de l'ensemble Pro Musica de New York. Après avoir connu le succès il abandonne la scène au milieu des années soixante à seulement 36 ans pour se consacrer à l'enseignement.

Voici ce qu'en dit Ivan A. Alexandre :

De seize ans son cadet [Alfred Deller], Russell Oberlin, le rival de New York, n'a connu ni la longévité ni la gloire posthume du prophète Deller. Son passage à Covent Garden laissa aux autorités locales - y compris au chef, Georg Solti -un souvenir mitigé, et il fut bientôt remplacé par un disciple de Deller, Grayston Burgess. Il cessa de chanter à l'âge de trente-six ans pour se consacrer à l'enseignement. Quelques disques ont pourtant traversé l'océan avec succès, qui révèlent un chanteur unique, spontané, généreux, doté d'une voix ample, au vibrato assumé, au grave si bien assis qu'il nous semble entendre un ténor doublé d'une soprano. Au XVIIIe siécle, on l'aurait appelé tantôt treble, tantôt irish tenor. Mais n'est-il pas le fi chanteur unique, spontané, généreux, doté d'une voix ample, au vi-brato assumé, au grave si bien assis qu'il nous semble entendre un ténor doublé d'une soprano. Au XVIIIème siécle, on l'aurait appelé tantôt treble, tantôt irish tenor. Mais n'est-il pas le fidèle écho de l'historique contre-ténor ? D'un grave doucement poitrine à un aigu li-quide, impossible de déceler la couture. Voila sans doute, au-delà des questions de style, ce qui a convaincu Leonard Bernstein d'enregistrer Bach et Haendel avec lui (et de lui dédier la partie de contre-ténor des Chi-cherster Psalms), ce qui a ensuite fondé une école américaine originale, à l'opposé de l'angélisme britannique et d'oú sont issus de vrais altos d'opéra : Jeffrey Gall, seul Giulio Cesare masculin plausible à la fin du XXème siècle sous la gouverne ultra dramatique de Peter Sellars ; Derek Lee Ragin, virtuose consommé d'un registre analogue à celui d'Oberlin ; Brian Asawa, crooner indolent, si naturel qu'on ne devine aucune «voix de poitrine » sous une voix de tête prodigieuse de naturel; David Daniels, mezzo-soprano onctueux, lyrique, sensible, non moins attiré par Schubert et Berlioz que par Vivaldi et Haendel ; ou encore Bejun Mehta, enfant star (soprano) reconverti dans un chant (alto) volubile et théâtral.


Cantata BWV 54 'Widerstehe doch der Sünde'
Aria: Wer Sünde tut


Widerstehe doch der Sünde,
Sonst ergreifet dich ihr Gift.
Laß dich nicht den Satan blenden;
Denn die Gottes Ehre schänden,
Trifft ein Fluch, der tödlich ist.

Die Art verruchter Sünden
Ist zwar von außen wunderschön;
Allein man muss
Hernach mit Kummer und Verdruss
Viel Ungemach empfinden.
Von außen ist sie Gold;
Doch, will man weiter gehn,
So zeigt sich nur ein leerer Schatten
Und übertünchtes Grab.
Sie ist den Sodomsäpfeln gleich,
Und die sich mit derselben gatten,
Gelangen nicht in Gottes Reich.
Sie ist als wie ein scharfes Schwert,
Das uns durch Leib und Seele fährt.

Wer Sünde tut, der ist vom Teufel,
Denn dieser hat sie aufgebracht.
Doch wenn man ihren schnöden Banden
Mit rechter Andacht widerstanden,
Hat sie sich gleich davongemacht.

Fais face au péché

Fais face au péché.
avant qu'il ne te distille ses poisons
Ne te laisse pas aveugler par Satan
Avoir honte de la gloire de Dieu coduit
à une situation qui conduit à la mort.

L'apparence des folies les plus folles
est d'une grande beauté extérieure
pour finalement se transformer
en un profond malheur
au travers de chagrins et de désillusions.
Vu de l'extérieur, le péché a les couleurs de l'or,
mais en fouillant un peu, on s'aperçoit
qu'il n'est plus qu'une ombre vide,
un tombeau déguisé.
Il est semblable aux délicieuses pommes de Sodome
qui ne permettent plus à ceux
qui les goûtent d'appartenir au Royaume de Dieu.
Le péché est comme une épèe acérée
qui nous transperce l'âme et le corps.

Celui qui se livre au péché est du diable
car ce dernier l'a en fait engendré.
Et pourtant lorsque l'on fait face
à ses ataques grossières avec un esprit droit,
il ne tarde pas à s'enfuir




Vous trouverez une discographie de Russell Oberlin, ici.

Des orientations discographiques sur Glenn Gould, ici.

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