samedi 22 mars 2008

Querelles linguistiques

Divoy et Donnet, en flamand seulement.


Dans les colonnes de la Libre Belgique, le journaliste Christian Laporte rapporte les polémiques qui entourent la restauration d'un monument dédié à deux jeunes Flamands qui sont partis rejoindre la RAF en 1941 dans des conditions spectaculaires.

La réaction de la commune flamande reflète l'évolution du rapport de forces né de l'arrivée des troupes anglo-américaines en Belgique à la fin de 1944. A cette époque, la Flandre était associée par les vainqueurs à l'ennemi allemand. Il est donc normal que le monument soit en français, langue naturelle de la Belgique.

Il n'est guère étonnant non plus que des éléments radicaux de la communauté flamande ne supportent plus cette inscription qui leur rappelle de bien mauvais souvenirs. Si la tendance se poursuit, le monument sera déménagé à l'Imperial War Museum à Londres et remplacé par une stèle à la mémoire d'Irma Laplace.

Cette querelle lapidaire reflète bien la désagrégation du régime belgicain, miné par la résurgence d'une nation qu'il croyait avoir définitivement entérrée sous l'opprobre. Il est dommage que ce règlement de comptes se fasse sur le dos de deux authentiques héros.


Overijse "flamandise" même les héros belges de la RAF !

La stèle dédiée à l'exploit de Divoy et de Donnet amputée de sa version française.
Au hit-parade de l'intolérance linguistique, la commune d'Overijse dégaine tous azimuts depuis quelques semaines, mais la dernière décision en date du collège communal risque de faire du bruit jusqu'en haut(s) lieu (x). Le bourgmestre Dirk Brankaer a en effet décidé, à l'encontre de l'opinion de l'Union nationale des évadés de guerre, de flamandiser la stèle évoquant un des plus audacieux exploits de la Seconde Guerre en Belgique ! A savoir l'envol depuis les proches environs du château de Ter Block appartenant au baron Thierry d'Huart, mais alors occupé par les Allemands, d'un avion destiné à permettre à Léon Divoy et à Michel Donnet de rejoindre l'Angleterre pour s'y enrôler dans la RAF.

Le projet avait failli avorter avant de démarrer car si les deux compères avaient repéré l'avion, son propriétaire en avait ôté les instruments de bord. Ce qui nécessita de nombreux déplacements risqués sur place. Finalement, dans la nuit du 4 juillet 1941, Divoy et Donnet s'envolaient avec d'intéressants plans des aérodromes allemands de Belgique. A moins de 300 mètres des Allemands et sur un minuscule terrain d'envol... Moins de trois heures plus tard, ils atterrissaient dans l'Essex...

En 1951, dix ans après ce pied de nez audacieux à l'occupant, une pierre commémorant l'événement avait été dévoilée sur place. L'acte avait frappé les esprits : pour Camille Gutt, "l'exploit passera à la postérité comme le symbole même de l'indomptable caractère des Belges, de leur ingéniosité dans l'audace et de leur droit au respect de tous".
Une vision que ne partagent pas les militants flamingants qui depuis moult années badigeonnent le monument bilingue. Mais sous le maïorat précédent, de Jef Depré, la commune d'Overijse mettait son point d'honneur à restaurer la stèle. Ce n'est plus la position de son successeur Dirk Brankaer...

Guynemer reste français, même à Poelkapelle.

"De fait, explique Henri Branders, le président actuel des Evadés de guerre, quelle ne fut notre surprise de recevoir une lettre du bourgmestre nous annonçant que lors de sa réunion du 10 mars dernier, le collège avait décidé de faire enlever la plaque et de lui substituer désormais une seule inscription en néerlandais, arguant qu'Overijse se trouve en territoire flamand. Cette décision est d'autant plus effarante que je vais chaque année au monument Guynemer à Poelkapelle où personne n'a jamais contesté les inscriptions dans la seule langue maternelle du pilote français ! Mais le plus incroyable est que l'on s'en prenne aux victimes et pas aux auteurs des méfaits !"

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