mercredi 19 mars 2008

Editions Atlas : peut mieux faire


Les éditions Atlas ont un savoir-faire incontesté dans le domaine de l'édition grand-public. Elles adaptent avec beaucoup de talent et de professionnalisme des productions étrangères et réalisent de bons ouvrages autochtones. Ses gestionnaires pratiquent à la perfection l'art de réchauffer les restes et de les resservir en changeant le décor, de sorte que le public accueille avec faveur la réédition. Rien à redire dans des pratiques qui sont celles de l'édition industrielle car Atlas met un point d'honneur à proposer des ouvrages de qualité, bien illustrés et dont la mise en forme éditoriale est parfaite.

Toutefois, au vu de son dernier né, on est en droit de se demander si cette perfection n'est pas à conjuguer au passé.

La nouvelle collection qui est en vente cette semaine, Passion de l'Egypte, propose des volumes reliés de 128 pages au prix très attractif de 0,99 euro. Les suivants seront vendus à 2,99 euros puis au tarif définitif de 5,99 euros. C'est en principe une bonne opportunité pour ceux qui aiment la civilisation égyptienne de commencer une collection de petits livres faciles à lire tirés d'une encyclopédie éponyme. L'offre commerciale est attractive et, probablement, de nombreux lecteurs se laisseront séduire par cette proposition. Ils n'auront pas à la regretter.

En revanche, on peut s'interroger sur l'absence des critères de qualité éditoriale qui ont fait jadis la réputation de cette maison d'édition. Je possède à côté de ma table de travail des encyclopédies Atlas qui me rendent un grand service, prenons par exemple le Million, Découvreurs et conquérants, l'Encyclopédie des armes, Troupes d'élite, différentes encyclopédies d'aviation, de jardinage et de cinéma. Ces titres ont été conçus pour un large public mais ils sont aussi de vrais outils de référence, parfaitement relus, corrigés et respectueux du code typographique. On peut prendre au hasard un page, la liste des crédits photographiques ou encore l'ours, et on peine à trouver une erreur.

Certes, cette perfection a un prix. Mais que dire de ce produit éditorial au rabais consacré à l'Egypte ?

La simple lecture de l'ours permet de découvrir que le suivi éditorial n'est pas digne d'une grande maison : la typographie est bancale et la ponctuation fautive, les amateurs trouveront même un parenthèse ouvrante qui pleure sa compagne. Quant au crédit photo, un autre critère de qualité, une illustration créditée D.R. (droits réservés, l'éditeur met de côté le montant de droits à payer pour cette illustration en attendant que le possesseur légitime se manifeste) à une page, trouve un propriétaire à une autre. C'est le cas de la photo illustrant chaque ouverture de chapitre, reproduite et créditée à la page 52.

Sans juger sur le fond, car mes compétences limitées sur cette période de la civilisation ne le permettent pas, le texte n'a pas reçu la mise en forme qu'il mérite. Je suppose que l'éditeur a dû confier la réalisation de ces pages à un studio peu au fait des subtilités de la typographie. Peut-être que ce studio se trouve en Chine, comme les ateliers où ce premier volume a été imprimé. Pire encore, personne aux Editions Atlas ne semble avoir lu le livre avant de l'envoyer à l'impression (pourtant la liste des noms des personnes qui seraient intervenues dans cette collection est longue comme un jour sans pain, du P-D G aux responsables d'édition).

Sans vouloir être exhaustif, il est agaçant de trouver à la fois des guillemets français et anglais, en fonction de la fantaisie du moment, des mentions de siècle (ou l'ordinal d'un monarque) qui ne sont pas mises en supérieur, l'absence de quadratins pour signaler un début de paragraphe, un chiffre commençant non seulement une phrase… mais un paragraphe, le non respect des italiques pour signaler le titre d'une œuvre ou le nom d'un navire, une gestion des blancs qui est tout sauf typographique, avec des lignes horribles comme à la page 15, ou même des espaces précédant un point final! Dans des encadrés, on trouve des textes en drapeau mal équilibrés et comportant des coupes de mots. Comme si le maquettiste avait effectué un copier-coller depuis une autre mise en page sans en vérifier le résultat.

Les légendes sont un autre point faible de l'ouvrage. Le texte nous indique à la page 17 qu'il existe une seule pyramide rhomboïdale en Egypte : la pyramide Brillante du Sud. Au verso de cette page, nous trouvons une gravure du XIXe siècle représentant une pyramide rhomboïdale mais le rédacteur omet de nous citer son nom. Il n'est pourtant pas difficile à trouver. Il suffit de lire le texte ! A une autre page, sur un fond de pyramide, le lecteur découvre une jolie figure représentant un personnage assis. La légende ne cite que le nom d'un pharaon. Or il s'agit en réalité de l'architecte Imhotep. Comment le lecteur peut-il le deviner ?

L'ouvrage mérite mieux que sa typographie calamiteuse et son texte relu à la va comme je te pousse. Il est d'un accès facile et aborde les différents sujets (comme les méthodes de construction des pyramides) avec impartialité et aisance.

Il aurait été beaucoup mieux qu'à l'ours de cette encyclopédie il y ait moins de directeurs, moins de responsables d'édition et, qu'en revanche, on y trouve un correcteur, un tout simple, tout unique et tout irremplaçable correcteur. Pour un coût modique, les principaux défauts de cette collection auraient été corrigés pour le plus grand plaisir des lecteurs.

Il est dommage que la politique d'économies de bout de chandelle de l'éditeur conduise à cette absence regrettable.

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