dimanche 27 janvier 2008

Tulard et les roicos

Le magazine AF2000 daté du 17 janvier 2008 a publié un entretien avec Jean Tulard dont voici un extrait.

M. Tulard est le grand spécialiste de Napoléon. Membre de l’Institut après avoir été directeur d’études à l’École pratique des hautes études, professeur à l’université de Paris-Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris, Jean Tulard est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages.
Il a collaboré au Livre noir de la révolution française à paraître ce lundi aux éditions du Cerf.
Ouvrage collectif regroupant les noms des plus grands spécialistes, ce pavé jeté dans la marre de la mémoire nationale fait le bilan des destructions révolutionnaires qui ont pesé et à bien des égards pèsent encore sur les destinées de la France. Il a bien voulu répondre à nos questions.

Af 2000 :Ce Livre noir de la révolution française paraît presque vingt ans après les célébrations du bicentenaire qui avaient donné lieu à de nombreuses publications. Certains se souviendront du livre de René Sédillot, Le coût de la révolution française, ou encore des ouvrages de Reynald Sécher sur le génocide Vendéen. Depuis, nous avons vu émerger une querelle autour des travaux de François Furet, puis comme une suite à cela un débat autour du Livre noir du communisme. Que s’est-il passé depuis lors ?

Jean Tulard: Il faut d’abord remarquer que, paradoxalement, le bicentenaire a donné lieu à un réquisitoire contre la révolution, y compris pour des gens venus de la gauche comme Furet : la révolution était décrite comme un dérapage, une perte de contrôle qui si elle n’était pas entièrement condamnable ne méritait pas une telle commémoration. Après le bicentenaire on a pu constater un tarissement des publications qui abondaient précédemment.

Af 2000 : Vous avez évoqué le nom de François Furet. Sur ses traces d’autres historiens ont entamé un véritable examen critique du communisme et partant de sa paléontologie, la Terreur jacobine : le directeur du Livre noir du communisme, Stéphane Courtois a également collaboré à ce Livre noir de la révolution française. Comment envisagez-vous cette collaboration ?

J.T.: Je ne suis pas surpris de voir des personnalités abusées par l’idéologie communiste, qui ont commencé leur recherches sur le communisme les poursuivre par des travaux sur la période révolutionnaire. C’est le même réflexe qui est à l’œuvre dans les deux révoltions. Des liens très étroits unissent le communisme à la révolution française. Lénine admirait Mathiez, le grand robespierriste de la Sorbonne. Des noms de révolutionnaires ont été donnés à des navires soviétiques. Il était nécessaire que le rapport Kroutchev, critiquant le modèle stalinien de la révolution communiste conduise à une révision de la révolution française, tant la révolution russe s’était constituée en héritière de la révolution française.

Af 2000 : Pourquoi la révolution a-t-elle été si sanglante ?

J.T. : Tout d’abord il y a les excès de la foule révolutionnaire avec ses débordements sanglants. Enfin et surtout la Terreur. En effet la Terreur est irréductible à des « débordements ». La Terreur est voulue pour terroriser les adversaires : dès le 14 juillet, lorsque la foule promène la tête de Launay cela n’a pas d’autre but. Il s’agit dès lors d’annihiler les résistances. La guillotine est dissuasive, mais lorsque l’on promène les condamnés dans une charrette au pas sur des kilomètres avant d’arriver à l’échafaud nous avons déjà à faire à un système terroriste. Les noyades de Nantes aussi sont dissuasives, lorsque les pêcheurs à la ligne sur les bords de Loire ont vu passer les cadavres au fil de l’eau ça a dû tempérer leurs sentiments contre-révolutionnaires.

Af 2000 : Vous avez écrit il y a plus de dix ans Le Temps des passions : espérances, tragédies et mythes sous la Révolution et l’Empire. À quelles passions la révolution a-t-elle donné libre cours?

J.T.: La haine et l’envie. Je vous répondrai en citant un mot de Napoléon : « Qu’est-ce qui a fait la révolution ? La vanité. La liberté n’a été qu’un prétexte. » Il s’agissait de détruire une société bloquée, dont la mobilité sociale s’était réduite.
Il y eut la haine de Marie-Antoinette entretenue par les gazettes et les chansons évoquant sa toilette et sa brioche. La révolution trouve sa source dans la lutte de la vanité des uns contre l’arrogance des autres. Ce fut la revanche des humiliés, pas celle des opprimés. Avec la nationalisation des biens du clergé émerge une nouvelle classe dominante, celle des bourgeois acquéreurs de biens nationaux : l’aristocratie laisse sa place à la ploutocratie. En effet, les révolutions sont toujours une bonne occasion de faire fortune.

Af 2000 : N’est-ce pas d’abord la passion de l’égalité comme l’a dit si justement Tocqueville ?

J.T. : Il faut appeler les choses par leur nom. Ce à quoi se refusent le libéral fumeux Tocqueville et ses disciples. Préférez lui l’ultra Fiévé, ce contre-révolutionnaire qui rejoindra Bonaparte d’ailleurs, qui dans son merveilleux roman La dote de Suzette rend si bien compte de ce que j’évoquais à l’instant : l’envie, la vanité, l’ambition et la cupidité. (…)

Le vrai visage de la Révolution

Une catastrophe bien française.


Le livre noir de la Révolution française

Sous la direction de Renaud Escande

Cerf, 882 p., ill., notes, 44 e, ISBN 978-2-204-08160-3.

Cette maison d'édition n'est pas très connue pour son sens de la transgression Bien au contraire : toujours dans le vent et souvent à la remorque de ce qui est bien vu dans la presse comme il faut. Entre les Mémoires de Hans Kung et le pensum du journal parisien de Mgr Roncalli, sans oublier les Clarifications sur l'homosexualité dans la Bible, on trouve heureusement quelques pépites dont Sauvés dans l'espérance, Spe salvi, de Benoît XVI et aussi ce fort volume consacré à la Révolution française.
Remis de l'étonnement de voir le nom des éditions du Cerf sur la couverture d'un livre à contre courant des thèmes à la mode, je me suis plongé dans la lecture de ce recueil de contributions, aux auteurs prestigieux, chacune apportant un éclairage bien informé et argumenté d'un des aspects de cette grande catastrophe de notre histoire.
On peut regretter que le directeur de l'ouvrage, frère prêcheur de son état, puisse sembler être un partisan du moindre effort. Aucune préface, aucune introduction ne vient nous raconter la genèse de ce livre pas ordinaire. Aucune conclusion ne met en lumière les apports originaux des contributeurs ou ne tente une synthèse des différentes analyses. L'éditeur aussi n'est pas à l'abri de toute critique. Ceux qui voudraient se servir de l'ouvrage comme outil de travail en seront pour leurs frais : pas d'index, pas de bibliographie, etc.
Le filon de la mauvaise humeur épuisé, il reste dans le livre de belles et riches veines de pur métal à exploiter. Relevons tout d'abord la qualité des auteurs. Non seulement on trouve des spécialistes, injustement écartés de l'université française par le conformisme idéologiques des toqués qui la gouvernent, comme Reynald Sécher, mais aussi des mandarins solidement entranchés dans l'institution comme Emmanuel Le Roy Ladurie, Stéphane Courtois ou Jean Tulard. Guidé par un instinct très sur du potentiel des ventes, l'éditeur a su également réunir des auteurs bien en cour auprès des libraires : Jean Des Cars, Ghislain de Diesbach, Jean-Christian Petitfils ou Jean Sévillia. On relève aussi des noms d'historiens comme Jean De Viguerie dont les analyses sur le patriotisme révolutionnaire et sur l'adhésion du royalisme moderne de l'Action française à ce patriotisme ont hérissé le poil de quelques secteurs de l'opinion de droite. (*) C'est très bien d'avoir pensé à lui pour cet ouvrage.
Dans une première partie « les Faits », le lecteur trouve notamment un remarquable travail de Pierre Chaunu sur la sécularisation des biens de l'Eglise, un de Reynald Sécher sur la guerre de Vendée, un article de T. Josserand sur la fin de la Marine royale ou encore une analyse de Stéphane Courtois sur la Révolution française et la Révolution d'octobre.
Une deuxième partie, « le Génie » rassemble des contributions consacrées à principalement à des analystes de cette tragédie française : Rivarol, Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Donoso Cortez ou encore Hannah Arendt. En revanche, on relève quelques absences inexplicables comme celle de Burke.



Burke, un grand oublié

Enfin, un troisième partie offre une anthologie de textes et de documents liés à la Révolution, bien choisis et toujours à la fois pertinents et émouvants.
Le grand mérite de ce livre est de mettre à la portée du grand public un regard critique sur la Révolution française. Comme le signalent les auteurs, il ne s'agit pas de « noircir » le mythe fondateur de la France contemporaine, mais de rappeler les faits tels qu'ils ont eu lieu. Des faits bien éloignés de la vulgate qui encombre l'esprit des Français.
Reflet d'une exigence de vérité, ce livre est une œuvre d'utilité publique et devrait faire partie de la liste des cadeaux de grands-parents bien inspirés désireux d'éclairer des petits-enfants abusés par une historiographie officielle toute acquise à la cause des sans-culotte.


(*) Jean De Viguerie n'a exprimé qu'un sentiment bien normal d'étonnement devant le ralliement de Maurras au drapeau tricolore, un choix qui devrait révulser tout vrai monarchiste. En lisant cet historien on ne peut qu'approuver ces points de vue iconoclastes, par exemple quand il répond à la question d'un journaliste sur l'Alsace et la Lorraine : « On peut se demander s’il fallait faire tuer un million trois cent cinquante trois mille hommes pour les récupérer ». De Viguerie ajoute que « les Alsaciens-Lorrains n’ont pas tellement souffert sous l’administration allemande, les catholiques notamment. Ils ont jadis fait partie du Saint-Empire et pouvaient demeurer au sein du nouvel Empire allemand...» Je ne vois rien à redire à ce qu'exprime Jean De Viguerie. La France serait bien mieux lotie aujourd'hui, certes sans ces deux provinces, mais aussi sans les monuments aux morts.

jeudi 24 janvier 2008

Le dernier poilu allemand est mort

La mort du dernier poilu a ému l'opinion française. Au Royaume-Uni, la disparition des derniers survivants de la Grande Guerre a fait la une des journaux. Rien de tel en Allemagne comme le remarque David Crossland dans les colonnes du Spiegel.

The last surviving German army veteran of World War I is reported to have died in Hanover, aged 107. No official confirmation was available nor is it ever likely to be. Germany keeps no official records on its veterans from the two world wars.
Dr. Erich Kästner, who was born on March 10, 1900, died on January 1, 2008, according to an announcement posted by his family in the Hannoversche Allgemeine newspaper.

According to the Wikipedia online encyclopedia, Kästner was the German Imperial Army's last known veteran of the war. He joined up in July 1918, four months before the end of the war, and served on the Western Front. Only one other World War I veteran is believed to be living in Germany -- Franz Künstler, born in July 1900, who served in the Austro-Hungarian empire's army.

Kästner's family could not be reached and the German Defense Ministry in Berlin said it was unable to provide any information on Kästner. The death notice says he was a retired judge and had earned the Lower Saxony Cross of Merit.

The German army's Military Research Institute, which studies German military history of the 20th century, was also unable to provide information.

"In Germany such an event doesn't have the same kind of significance as it does in other countries," Bernhard Chiari, a spokesman for the institute, told SPIEGEL ONLINE.

The death on Sunday of one France's last two surviving World War I veterans, Louis de Cazenave, made national and international news. De Cazenave, who took part in the Battle of the Somme, died aged 110 at his home in Brioude in central France, where he was buried on Tuesday.

"His death is an occasion for all of us to think of the 1.4 million French who sacrificed their lives during this conflict, for the 4.5 million wounded, for the 8.5 million mobilized," President Nicolas Sarkozy said in a statement.

The stigma of war crimes, defeat and destruction prevents Germany from feting its veterans of World War II. The fighters of World War I have similarly been erased from the national memory. Chiari said Germany's memory of World War I was tainted by the crimes of World War II.

"Any form of commemoration of military events is seen as problematic here," he said. "Our veterans only take part in public ceremonies when they are invited abroad to join commemorative events with veterans from other countries. World War I is seen as part of a historical line that led to World War II. You can't equate the two but there is much debate about it."
The Federation of German Soldiers' Associations, which represents the interests of veterans, said it was unable to provide information on Kästner. "The Hanover veterans' association dissolved itself a few years ago and we keep no central records," a spokeswoman told SPIEGEL ONLINE.

An estimated two million German soldiers died in World War I and 4.2 million were wounded. Over one million soldiers from the allied Austro-Hungarian Empire were killed, with 3.6 million wounded.

mercredi 23 janvier 2008

Voyage en Argentine

Comme je l'ai annoncé à mes visiteurs, je me suis rendu en Argentine durant deux semaines pour des recherches concernant différents sujets dont l'or monétaire à la fin du XVIIIe siècle.
Mes premiers pas m'ont conduit aux Archives nationales, tout près du port, en plein cœur historique de la ville de Buenos Aires. Un visiteur européen ne peut manquer d’avoir le cœur serré en constatant la pauvreté des moyens dans laquelle se débattent les conservateurs. Les nouvelles installations des Archives des Indes à Séville rendent cette comparaison encore plus cruelle.
La salle de consultation n’a pas beaucoup changé depuis les années 1920 et la seule note de modernisme, une asthmatique système d’air conditionné, fait tant de bruit qu’il rendrait une conversation inaudible si les chercheurs avaient le droit de se parler.
Un peu déprimé par l’ambiance des archives et déçu par le peu de résultat de mes recherches, je suis parti visiter la petite ville de Carolina, fondée à la fin du XVIIIe siècle pour exploiter des gisements aurifères.
J’ai roulé près de douze heures d’est en ouest, en traversant en tout et pour tout une seule ville, Junin, qui ressemble à une gigantesque exposition de machines agricoles. Durant ce périple, j’ai mieux compris à la fois la richesse et l’immensité de ce pays. De chaque côté de la route, s’étendent à perte de vue des champs cultivés. Soja, tournesol, maïs, occupent tout l’espace disponible. Même le bas côté des routes est mis en culture.
Témoins roulants des nouvelles réalités géopolitiques, je croise une longue théorie de camions couverts d’inscriptions en portugais qui transportent des conteneurs débarqués à Valparaiso et à destination des grandes métropoles du Brésil.
Le soir, en arrivant dans les sierras de la province de San Luis, but de mon voyage, je change de monde. Les riches terres agricoles des plaines ont été remplacés par des terres bien moins généreuses, principalement destinées à l’élevage.
En m’arrêtant dans un boliche du bord de route boire un verre de bière bien froide, j’ai la surprise de tomber sur un jeune Français arrivé dans ce village au hasard de l’auto-stop. Nous faisons connaissance et il m’explique qu’il fait le tour de l’Argentine pour mieux connaître le pays et ses habitants. Écoutant notre conversation en français, un des habitants du cru s’adresse à nous dans notre langue pour nous souhaiter la bienvenue dans ce coin retiré de la sierra. Étonnés de découvrir un francophone, nous sympathisons autour d’une nouvelle tournée. Don Alberto, notre nouvel ami, possède une propriété tout en haut de la montagne où il élève du bétail. Il semble très attaché aux traditions des Créoles et sa défense du gaucho confronté aux défis de la mondialisation le rend très proche de nos préoccupations d’Européens. Don Alberto nous propose l’hospitalité dans son hacienda. Mais, apprenant qu’il faut quatre heures de cheval pour s’y rendre, je décline à regret son offre. En revanche, le jeune français accepte avec empressement, tout heureux de découvrir une nouvelle facette de la vie Argentine.
En les quittant, je leur laisse des cartes de visite et je fais promettre à mon compatriote qu’il m’enverra des photos de son séjour parmi les gauchos de la sierra.
Quelques jours plus tard, je dois me rendre à l’évidence. Il reste peu de choses à la Caroline qui mérite le détour. Après quelques promenades dans la montagne, je reprends la route de Buenos Aires en me disant que mon meilleur souvenir de la sierra furent ces quelques instants partagés autour d’une bouteille de bière bien fraîche assis entre un jeune français idéaliste et un vieux gaucho traditionaliste.

lundi 21 janvier 2008

Traite des Noirs


Dans une boîte poussiéreuse des archives nationale à Buenos Aires, j'ai trouvé égaré entre deux dossiers, ce formulaire, rempli le 2 mars 1803 par un fonctionnaire du port de Montevideo, enregistrant l'arrivée d'un voilier chargé de 330 esclaves. Un formulaire banal, une tragédie humaine. Que de destins en un morceau de papier.

Antisémitisme polonais


Professeur de philosophie à l'université de Varsovie, Jakub Kloc-Konkolowicz a publié le 18 janvier dernier dans les colonnes du Frankfurter Rundschau un article consacré à l'antisémitisme polonais à l'occasion de la parution en Pologne de l'ouvrage de Jan Tomasz Gross Fear, Anti-Semitism in Poland after Auschwitz (New York 2006).

Jan Tomasz Gross has taken on the difficult task of removing blind spots in Polish history. His new book Fear has sparked an emotional debate in the country of his birth, where anti-Semitism is not a popular subject.
In recent days a new chapter in the emotional debate over Polish anti-Semitism has opened in Poland. The occasion is the Polish edition of a new book by the Princeton historian of Polish origin Jan Tomasz Gross. The book with the punchy title Fear. Anti-Semitism in Poland after Auschwitz (New York 2006) revolves around a central question: "How was Polish anti-Semitism possible after Auschwitz?" According to the reports by Holocaust survivors cited by the author, rather than being welcomed with open arms, Polish Holocaust survivors were met in their hometowns by the cynical question "Are you still alive?!"

The Holocaust victims were confronted with more or less open hostility on the part of the Polish population, which ultimately ended in pogroms. Gross' book examines three of these in detail, in Rzeszow (1945), Krakow (1945) and the most notorious pogrom in Kielce (1946) in which 37 Jews were murdered.

For Gross, neither the allegedly widespread participation of Polish Jews in the slowly consolidating Communist regime nor the horror stories circulating about the ritual murder of Christian children were the real reasons for these occurrences. Ultimately, economic interests were behind the events. Many Poles had taken possession of Jewish property after the German occupiers fled, and the Holocaust survivors' return was perceived as a real threat. Regardless of the pretexts for the pogroms, Gross writes, their real purpose was to get rid of the inconvenient victims.

Although many Poles had heroically come to the aid of their fellow Jewish citizens by providing them with shelter at their own peril, most had looked on with indifference – sometimes even approval – at the crimes committed by the German occupiers on the Jews. Pangs of conscience can be very effective, destructive even, especially when they veil a clear interest.

Gross is particularly critical of the Polish Catholic Church, maintaining that with the exception of the Bishop of Czestochowa, clerics not only did nothing to protect Jewish survivors from assaults after the war, but even sought explicitly to justify these attacks to a greater or lesser extent. Nevertheless, one must add, Gross' controversial book was printed in Poland by a respectable Catholic publisher.

This is not the first time that a book by Gross has created a stir in Poland. The publication in 2001 of his "Neighbors" had already kindled an emotional debate about the Polish population's involvement in the Holocaust. That book dealt with the murder of the Jewish residents of Jedwabne (a small town in Eastern Poland) in 1941. For decades under the Communist regime this crime was attributed to the German troops. It was only with Gross' assertion that Polish neighbours had carried out the crime that an investigation initiated by the Polish Institute for National Remembrance (IPN) confirmed direct Polish participation (leaving the role of the German occupiers open).

Even before the report was published, Alexander Kwasniewski, then Polish president, officially apologised for the Jedwabne murders "in the name of those Poles whose consciences are troubled by this crime."

Many people never forgave Kwasniewski for this apology. Most Yad Vashem trees (dedicated to the "Righteous Among the Nations" who risked their lives to save threatened Jews during WWII) bear Polish names. Poland was the sole occupied country where helping Jewish citizens was punishable by death. Under the occupation, the Polish underground Armia Krajowa initiated a structure unique in Europe (called Zegota) which offered aid – including military support – to the Jews.

Since the Poles staunchly resisted the Nazi aggression and were themselves victims of Hitler's policy of genocide, many saw – and continue to see – themselves exclusively in the role of war victims. For that reason they consider any allegation that casts Poles in the role of perpetrators a brazen effrontery, if not a direct attack on the Polish people. Accordingly, even events that took place after World War II, in particular the pogrom in Kielce, are seen by many historians as a provocation by the (Polish or even Soviet) secret service, which sought to damage Poland's image in Western Europe and secure its adhesion to the Russian sphere of influence.

It's no wonder, then, that Jan Tomasz Gross is such a controversial figure in Polish public life, although he has never questioned the merits of the Poles, nor their bravery in the fight against fascism. Hence it was predictable that his new book would set off a new wave of outrage even before it came out in Polish. Already after the original version was published in the US, some Polish senators alerted the Polish public prosecutor's office that the book could insult the Polish people and incite hatred, charges which the office is currently reviewing.

The radical Catholic League of Polish Families has officially demanded that the Polish Foreign Ministry deny Gross entry into Poland. Many commentators believe Gross' book reveals no previously unknown facts, brings nothing new into the debate and is more an essay "with a presupposed thesis" than a genuine historical study. Janusz Kurtyka, director of the Institute of National Remembrance, has accused Gross of historical incompetence and highly one-sided use of his sources.

But critical voices are also being heard among moderates, for example Cardinal Stanislaw Dziwisz, the secretary to Pope John Paul II, as well as the legendary Solidarnosc leader Lech Walesa, who maintained Gross' book would awaken dangerous demons and divide where it should reconcile. The Polish–Jewish dialogue must be carried out with a view to the future, not the past, Walesa argued. Very few people have come to the defence of this author, who has taken on the difficult task of making uncomfortable facts known to a wider audience and removing blind spots in Polish history. His supporters include Konstanty Gebert, chief editor of Midrasz a Jewish-interest magazine.

However the widespread Polish indignation is also explained by the fact that many feel the book paints an outdated portrait of Poland. Many believe the old mantra of Polish anti-Semitism is no longer rings true, because much has changed since the 1990s. The policy of reconciliation and dialogue between Poles and Jews begun by President Walesa and carried through by his successor Kwasniewski – as well as current President Lech Kaczynski – has been highly successful. Jewish life in Poland has reawakened, and interest in Jewish culture, history and religion has grown enormously, especially among young Poles. Many Jewish festivals have been established and exhibitions and theatre performances focussing on Jewish issues are on the rise. Just a few weeks ago, the postal workers' union spontaneously and successfully refused to distribute anti-Semitic brochures put out by an extreme right-wing politician.

Jan Tomasz Gross by no means denies these tremendous changes in Polish society. He simply believes that uncomfortable topics of the past must be discussed openly. Controversy over a book is always welcomed by it's author, people say. The only thing Gross would find scandalous would be if this debate had to be continued in the courtroom.

You only need to look at the development of the democratic public sphere in Poland since the 1990s, however, to see that this debate, emotional as it is, is far more likely to be carried out in a more appropriate forum. And in all probability it will lead Poles to regard their history with more critical distance. Regardless of people's fears, it is unlikely that the book and the discussion around it could harm Jewish–Polish dialogue.


mercredi 2 janvier 2008

En voyage

Ce blog va s'interrompre quelques jours. Je pars en Amérique du Sud pour deux semaines de recherches sur l'or monétaire dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Si je trouve un cybercafé dans les sierras que je vais parcourir, je ne manquerai pas de vous adresser une carte-postale.

La Russie retrouve ses morts

Après un an de travail acharné, 19 millions de documents du ministère russe de la Défense ont été numérisés et mis en ligne dans un site consacré au souvenir des russes tués durant la Seconde Guerre mondiale.


Des millions de visiteurs ont cherché la tracé de parents mobilisés dont ils étaient souvent sans nouvelles. Très souvent, le site offre non seulement le lieu et la date de naissance, mais aussi des documents originaux concernant la vie militaire de ces morts.

Ce site web permet de résoudre d'anciennes énigmes. Ainsi, des chercheurs avaient trouvé une fosse commune contenant 148 corps dont un seul avait pu être identifié. Grâce à la base de données, il a été possible de retrouver l'identité des autres corps.

mardi 1 janvier 2008

Coups de crosse


Damian Thompson, très impopulaire
auprès des évêques anglais et gallois.

Voici peu, nous avons publié un post sur le bimensuel l’Homme nouveau en rappelant que la presse proche des positions du pape Benoît XVI risque quelques coups de crosse épiscopaux.

Quelques correspondants m’ont fait remarquer que c’était très improbable. Je pense qu’ils ont tort. Pour ne pas soulever des polémiques parmi mes visiteurs français en citant quelques exemples locaux, j’ai choisi de mentionner un cas insulaire de coups de crosse.

Damian Thompson est un des bloggeurs catholiques les plus influents. Il officie sur le site du Daily Telegraph et ses posts sont non seulement très suivis, mais ils reflètent les sensibilités de l’aile ultramontaine du catholicisme anglais.

Sur sa page personnelle, nous apprenons qu’il est en plus le rédacteur en chef du Catholic Herald un vigoureux magazine catholique.

Plus en vogue à Rome que The Tablet.


Il a écrit de nombreux livres très bien reçus. Le prochain, Counterknowledge : How We Surrendered to Conspiracy Theories, Quack Medicine, Bogus Science and Fake History sera publié dans quelques jours.

Or nous apprenons que la hiérarchie catholique en Angleterre, excédée des volées de bois vert qu’elle reçoit chaque jour de Damian Thompson, cherche à le réduire au silence.

Le cardinal archevêque de Westminster soi même aurait tenté de convaincre le propriétaire du Catholic Herald et la rédaction du Daily Telegraph de se passer des services du chroniqueur.

Alors que les journalistes les plus hostiles à Benoît XVI qui travaillent dans des magazines catholiques comme The Tablet ne font l’objet d’aucune démarche épiscopale, c’est celui qui défend les idées du pape en Angleterre qui la cible des coups de crosse.

Il est vrai que Damian Thompson a mis en lumière le peu d’empressement des évêques anglais et gallois à diffuser les textes venus du Vatican. Ce manque d’enthousiasme est si abyssal en comparaison aux autres pays anglophones que l’on peut même avancer le terme de « sabotage ».

Damian Thompson va-t-il résister ? Les blogs bruissent de spéculations. Mais il semble qu'il dispose d'un solide appui.

Celui du pape ?

Encore plus solide, celui des lecteurs du Catholic Herald et des visiteurs de son blog.