lundi 26 novembre 2007

Un magazine télé très catho

Quand le Magistère regarde la télé.

L'Homme nouveau magazine
10 rue Rosenwald, 75015 Paris • Tél. : 01 53 68 99 77 •



L'hebdomadaire catholique l'Homme nouveau est depuis quelques mois publié conjointement avec l'Homme nouveau magazine. Ce supplément est une perle rare dans la presse française et mérite le détour.
Dans un monde où la télévision joue un rôle clef dans la formation de l'opinion et dans l'éducation des jeunes générations, il est indispensable d'offrir aux différentes sensibilités de la société française une sélection de programmes permettant de trier l'offre audiovisuelle.
Or, la grande majorité des magazines consacrés à la télévision sont le reflet du relativisme moral ambiant, quand ils n'encouragent pas les dérives les plus pernicieuses de la société, comme Télérama, probablement le périodique le plus politiquement correct de France.
Voilà pourquoi le supplément de l'Homme nouveau est précieux car il offre une vision critique de la télévision, décortiquée à travers le prisme des valeurs chrétiennes telles que les définit le magistère romain, et non le catholicisme self-service en usage dans la presse dite chrétienne dont le parangon est probablement l'hebdomadaire Témoignage chrétien.
Une mise en page pratique et des pictogrammes bien pensés aident le lecteur à se retrouver facilement dans les programmes et à mieux sélectionner ce que leurs enfants peuvent voir en fonction de leur âge.
Les critiques apportent le plus souvent un commentaire concis juste et nuancé sur une sélection de programmes. Par exemple, J.-P. M. écrit au sujet du documentaire « l'Enlèvement de Patty Hearst : une guérilla américaine » diffusé le mercredi 5 décembre par Arte :

Ces gauchistes, amoureux du Che, nourris de romantisme et d'idées révolutionnaires, font peine à voir. Comme le dit l'un d'eux [et non l'un deux, pan sur les doigts de la claviste!] : « on était comme des gamins qui décident que leurs parents sont des gens ignobles » avec , en outre, « pas une once de charisme ». Comment des gens intelligents peuvent-ils aligner parfois autant de bêtises et de fantasmes sur la société dans laquelle ils vivent ? Ce travail restitue bien le contexte et l'état d'esprit de l'époque, mais rentre très vite dans l'anecdotique et n'en sort guère. »
En revanche, quelques rares fausses notes dans les commentaires révèlent que ce supplément n'échappe pas à la malédiction des programmes de télévision : il est difficile d'être un expert en tout. Ainsi, le commentaire du très beau film le Coup de grâce suggère que le commentateur P.A. n'a pas lu la nouvelle de Marguerite Yourcenar ayant inspiré le cinéaste Volker Schlöndorff et qu'il a survolé le film qu'il commente. En effet, comment peut-il écrire « sur fond de guerre civile russe » alors qu'il s'agit d'un épisode de la guerre menée par les corps francs allemands dans les Pays Baltes ?

Le site marchand Amazon propose à très petit prix
l'édition en Livre de poche de 1966.


Autre oubli : dans sa présentation du film Agent double, qui sort sur les écrans ces jours-ci, mettant en scène l'histoire de Robert Hanssen (un agent-double américain au service des Soviétiques puis des Russes), le critique ne mentionne pas qu'il était, non seulement un luthérien converti au catholicisme, mais aussi le membre d'une influente prélature. Un simple oubli, que nul n'en doute.

Robert Hanssen.

Enfin, signalons que ce supplément comporte de très utiles recensions de livres tout comme d'autres produits culturels. Le compte rendu de l'ouvrage Dix mois à Verdun (Editions Italiques) est passionnant et il démontre qu'il existe une vie en dehors des majors de l'édition parisienne. Dans ce témoignage sur les combats de Verdun, l'abbé Charles Thellier de Poncheville raconte ce que fut son apostolat durant les dix mois qu’il passa en première ligne, de février 1916 à janvier 1917. Peu d’ouvrages allient de façon aussi impressionnante la vérité, parfois effrayante, du témoignage et la noblesse du ton. Il fallait sans doute être aussi absolument, aussi intégralement chrétien que l’était Poncheville pour regarder en face, avec autant d’abnégation, de compassion et, disons-le, d’amour, l’humanité dans sa misère et sa déréliction.

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